Promouvoir les Systèmes de Santé pour Tous à l’Ere des Objectifs de Développement Durable
La vision d’Alma Ata était fondée sur « la Santé pour Tous ». Cette vision est toujours aussi impérieuse qu’en 1978, comme démontré par l’objectif 3 sur la santé des Objectifs du Développement Durable (ODD). Mais le monde a changé au cours des quarante dernières années. En dépit de l’amélioration des résultats en matière de santé, il demeure des défis importants d’équité et d’inclusion sociale, tels que les transitions démographiques et épidémiologiques, les conflits et les migrations qui en découlent, les systèmes de santé et marchés pluralistes ou le réchauffement climatique. Les systèmes politiques continuent de marginaliser ceux qui en ont le plus besoin. Pourtant, il existe de nouvelles possibilités pour que les systèmes de santé atteignent une couverture universelle.
Ce Cinquième Symposium Mondial fera avancer les débats et la collaboration sur les nouveaux moyens de financer la santé, de fournir des services et d’impliquer les professionnels de la santé, sur les nouvelles alliances sociales et politiques ainsi que les applications technologiques qui favorisent la santé pour tous.
Les ODD comme incitation au renouvellement d’actions multisectorielles
Alors que les progrès au niveau mondial sont menacés par le changement climatique, la baisse de l’aide financière internationale et le resserrement des frontières, les ODD nous rappellent que le progrès humain repose sur l’action multisectorielle. Dans le même temps, les innovations techniques et sociales offrent de nouvelles possibilités. Dans ce contexte, les systèmes de santé doivent aller au-delà de la prestation de soins et agir sur les facteurs sociaux, politiques, environnementaux et économiques complexes qui influent sur la santé. Une action multisectorielle sera essentielle pour relever les défis aussi divers que les infections émergentes, les maladies chroniques et les déplacements massifs de populations. Mais de tels progrès exigent de nouveaux modes de travail à travers les différents programmes de lutte contre les maladies et dans tous les secteurs, ainsi que de nouveaux mécanismes de gouvernance pour soutenir ce processus. Comment notre approche des systèmes de santé peut-elle nous aider à mener une action multisectorielle afin d’atteindre des objectifs communs de développement social ?
Polémique et pragmatisme : l’implication du secteur privé pour faire progresser la couverture sanitaire universelle
La vision d’Alma-Ata reposait essentiellement sur l’idée que les systèmes de santé seraient financés par l’état et fourniraient de soins santé pour tous. Le rôle des prestataires du secteur privé (à but non lucratif et à but lucratif) n’était que faiblement pris en considération. Pourtant, quarante ans plus tard, des milliards de personnes continuent d’utiliser les services de santé du secteur privé, un secteur très hétérogène, souvent peu réglementé et mal connecté au reste du système de santé. Divers types d’organisations issues du secteur privé (à but lucratif, à but non lucratif, confessionnelles) ont des atouts et des défis différents, et jouent des rôles différents au sein du système de santé dans divers contextes. De plus, le secteur privé évolue rapidement pour combler les lacunes laissées par le secteur public et saisir les opportunités de commerce et d’investissement. Il y a une opposition importante au rôle du secteur privé à but lucratif dans la prestation de soins de santé ; pourtant, le secteur privé peut être une source d’innovation, de ressources supplémentaires et de services qui répondent le mieux aux besoins des utilisateurs. Comment le mouvement de couverture sanitaire universelle peut-il au mieux tenir en compte du rôle du secteur privé dans la prestation et le financement des services de santé ?
Ne laisser personne pour compte : des systèmes de santé qui agissent pour le bien de tous
Non seulement les systèmes de santé fournissent l’accès aux services essentiels, mais ils sont également un élément fondamental de la protection sociale. Cette idée fait partie de la vision du « National Health Service » (Service National de Santé) du Royaume-Uni, qui fêtera ses 70 ans en 2018, et aussi du principe de couverture sanitaire universelle, qui met l’accent sur la protection financière et la couverture des services. Pourtant, nombreux sont ceux qui passent au travers des mailles du filet de sécurité du système de santé. Il s’agit notamment des personnes touchées par les conflits et les crises humanitaires ; les migrants dont les droits à la couverture ne sont pas assurés ; et ceux qui sont exclus en raison de leur genre, origine ethnique, religion, orientation sexuelle ou autres caractéristiques. Le financement des services pour ces populations marginalisées est précaire, en raison des préoccupations politiques et idéologiques liées à la citoyenneté et à l’identité, à l’austérité économique et aux réductions budgétaires, par manque d’intégration avec le reste du financement du système de santé, ou à cause de la dépendance à l’égard de sources externes. De plus, la prestation de services repose souvent sur un dédale mal coordonné d’ONG et de prestataires publics et privés. Comment les systèmes de santé peuvent-ils être mobilisés pour être des pilier de la protection sociale pour les groupes vulnérables ?
Les systèmes de santé communautaires – les besoins des communautés se trouvent à ce niveau souvent invisible des systèmes de santé
Alma-Ata avait souligné l’importance des services de santé de proximité et de la participation communautaire. Quarante ans plus tard, les systèmes de santé sont aux prises avec une transformation sociétale et communautaire provoquée par l’urbanisation et d’autres changements démographiques, alors que les efforts de renforcement des systèmes de santé ignorent souvent le rôle des communautés. Des questions telles que la mobilisation communautaire, l’implication de la société civile et le rôle des agents de santé communautaires demeurent aussi pertinentes aujourd’hui qu’en 1978. Elles sont fondamentales pour l’efficacité des soins primaires, mais aussi pour répondre aux contraintes croissantes posées par les maladies chroniques et aux nouvelles menaces de maladies infectieuses. La gouvernance communautaire et participative est également importante, non seulement pour obtenir des résultats immédiats sur la santé, mais aussi pour le renforcement des systèmes de santé et leur responsabilité envers les populations qu’ils desservent. Comment les systèmes de santé devraient-ils mobiliser les communauté a atteindre la Couverture Sanitaire Universelle?